Test du Cannondale Scalpel-Si Carbon 4

Retour aux sources

Le Cannondale Scalpel-Si est la grosse nouveauté VTT 2017 du constructeur américain, une bonne remise à niveau 5 ans après l’arrivée du premier Scalpel 29. Pas mal de changements qui dépassent largement le stade d’une simple évolution pour cette quatrième génération de Scalpel. Essai du premier prix carbone…à 4000 € tout de même !

Parmi les nouvelles machines attrayantes de l’année, le Scalpel-Si tient une place de choix, nous n’avons d’ailleurs pas hésité à la placer dans notre panorama regroupant les 15 plus belles réussites 2017 toutes catégories confondues, voir Les 15 nouveaux vélos 2017 les plus marquants. Le Scalpel reste depuis toujours un vélo étonnant de par sa conception comportant de multiples détails faisant de lui un VTT unique qu’il est impossible de confondre avec un autre, ce qui explique depuis les origines de la marque ce nombre important de fans « Cannondalistes » fascinés par les technologies atypiques employées, le constructeur américain ne cessant de surprendre.

Un peu d’histoire…

Le fameux (et futuriste) Raven disparait du catalogue Cannondale 2002 pour laisser la place au premier Scalpel, une machine en aluminium taillée pour le XC qui sera utilisée par les coureurs du Team Volvo Cannondale. 63 mm de débattement à l’époque grâce à un amortisseur + biellette placés en hauteur derrière le tube de selle, et la particularité de n’utiliser aucun pivot sur les bases – baptisées EPO – qui étaient en carbone « flexible » pour assurer le mouvement du triangle arrière.
Des évolutions en 2005 puis surtout en 2008 avec un premier châssis carbone et un amortisseur venant se loger dans le triangle avant avec un ancrage sur le tube supérieur pour délivrer cette fois 100 mm de débattement. Puis apparaît en 2012 le premier Scalpel à roues de 29 pouces qui propose 80 mm de débattement.

Quatrième génération du Cannondale Scalpel ici, 15 ans après sa naissance officielle. C’est au printemps 2016 que Cannondale annonce la couleur en présentant ce Scalpel 29 dont le premier point relevé est l’augmentation du débattement, passant de 80 à 100 mm. Programme élargi ? Non, et c’est même plutôt l’inverse avec un recadrage vers le XC Race comme on le verra plus tard dans la partie essai terrain…

29 et 27.5 pouces

Cannondale suit le mouvement initié par plusieurs marques concurrentes avec une dimension de roues variant en fonction de la taille de cadre. On a ainsi du 29 pouces sur les tailles M, L et XL tandis que le S ainsi que les versions dames sont en roues de 27.5. Un choix d’une certaine manière logique mais tout de même discutable, le 29 pouces pouvant être adapté aux petits gabarits comme le prouvent de nombreux fabricants autres.

La gamme 2017

On dénombre un total de 11 modèles différents dont 2 spécifiques dames, Scalpel-Si Carbon Women’s 2 à 3999€ et Scalpel-Si Carbon Hi-Mod Women’s 1 à 5999€, dans la gamme 2017. Le choix est large mais pas à n’importe quel prix puisque le ticket d’entrée est fixé à 2999€ pour le Scalpel-Si 5, seule version à utiliser un cadre aluminium. Le Scalpel-Si Carbon 4, que nous avons ici en test, est le premier prix carbone à 3999€ tandis que le Scalpel-Si Black Inc. est la version la plus haut de gamme affichée à 11999€…
3 cadres différents en termes de matériau, les 4 modèles les plus onéreux (Black Inc., Team, Race et Carbon 1) utilisant du carbone BallisTec Hi-Mod tandis que les Carbon 2 (existant en 2 montages), Carbon 3 et Carbon 4 utilisent du carbone BallisTec plus « économique », ce qui se traduit principalement par un léger surplus de poids par rapport au Hi-Mod. Enfin, comme précisé auparavant, le Scalpel-Si 5 est en aluminium. A noter donc que le Carbon 2 est proposé en deux versions, les différences concernant la transmission avec au choix SRAM 1×11 vitesses (cassette 10/42 dents) ou 1×12 vitesses (cassette 10/50 dents) SRAM Eagle.

Autopsie

Cadre :
Le Scalpel-Si Carbon ressemble à son prédécesseur mais on note tout de même une ligne d’ensemble moins arrondie et légèrement plus affinée sur le triangle avant, grâce notamment à l’accroche haute de l’amortisseur « noyée » dans le tube supérieur et une fixation de biellette repensée. Beaucoup de choses intéressantes à dire sur ce châssis Scalpel-Si Carbon 4 avec tout d’abord des choix techniques propres à la marque, la fourche Lefty évidement mais aussi le triangle arrière asymétrique nécessitant l’emploi d’une roue spécifique comme sur le F-Si. En effet, Cannondale décale l’arrière de 6 mm vers la droite tout simplement pour recentrer le corps du moyeu arrière par rapport à la jante et avoir ainsi longueurs et tensions de rayons strictement identiques sur les nappes, le but étant ainsi de gagner en rigidité et en solidité grâce à cette symétrie du rayonnage. A noter que le moyeu est en axe traversant 142 x 12 mm et non 135 mm à blocage rapide comme sur le F-Si.

Cette conception particulière offre d’autres avantages car si la cassette se retrouve décalée de 6 mm sur la droite, la transmission l’est dans son ensemble également pour conserver une bonne ligne de chaine. Et si l’on déporte les plateaux vers la droite, cela permet d’écarter un peu plus la base de ce côté ce qui autorise ainsi de réduire la longueur sans à avoir recours au format Boost par exemple… Les bases du nouveau Scalpel-Si font ainsi 435 mm (soit 9 mm de moins que la précédente version), détail important pour contrecarrer l’empattement avant qui s’allonge puisque Cannondale a à l’inverse « repoussé » sa roue avant en développant à leur manière une géométrie que les concepteurs nomment « Outfront ». 69,5° d’angle de direction (71 sur le Scalpel 29 apparu en 2012) et un déport de fourche (Rake) surprenant de 55 mm (46 ou 51 mm habituellement même si l’on avait déjà vu par le passé du 54 mm lorsque le phénomène 29er s’est mis en route il y’a quelques années). L’idée globale est simple, augmenter la stabilité et les capacités de franchissement en couchant davantage la direction mais contrer l’effet négatif d’une chasse plus importante synonyme de perte en maniabilité (le souci des premiers 29er…). Et pour réduire la chasse, il faut augmenter le déport pour revenir à une valeur plus habituelle et conserver ainsi de la vivacité sur l’avant.

En bref, avec une géométrie liant tous ces points pour trouver les bons compromis, le nouveau Scalpel est plus long en empattement (bien pour la stabilité et l’engagement), plus court au niveau des bases (bien pour la nervosité) et ne bouge pas en longueur de tube supérieur (bien pour la maniabilité).

LockR Pivot et Zero Pivot :
Pas de pivot entre bases et haubans, la flexibilité du carbone assurant cette fonction lorsque la suspension est en action. Sur la partie avant du bras oscillant, les 2 pivots de suspension utilisent le concept LockR, à savoir un axe principal (en beige sur l’illustration ci-dessous) en aluminium sur lequel reposent les roulements, et pour serrer et maintenir le tout en place, un système de boulonnage conique (en bleu avec la vis grise) venant écarter les extrémités fendues de l’axe. Cette conception à expandeurs permet d’assembler l’ensemble sans appliquer aucune force de serrage néfaste aux roulements.

                 

Le Scalpel-Si utilise par ailleurs une biellette carbone, de largeur et longueur importante mais aux formes travaillées pour s’affiner et s’alléger au maximum, assurément l’une des plus belle pièces du vélo d’un point de vue purement esthétique en plus de ses qualités mécaniques.

Equipement :
Un groupe Shimano Deore XT 2 x 11 vitesses quasi complet puisque seule la chaîne est différente (une Shimano SLX) et le pédalier qui est maison (Cannondale Si, plateaux FSA, axe BB30). Concernant le fonctionnement du légendaire groupe Deore XT, nous avions approfondi le sujet ici, voir Shimano DEORE XT M8000, Essai complet

Fourche Lefty 2.0 XLR équipée du blocage au guidon hydraulique RockShox XLoc tandis que le blocage de la suspension arrière se fait sur l’amortisseur RockShox Monarch RL (pas de commande à distance donc). Réglages habituels de détente (molettes de réglage) et précontrainte en ajustant le volume d’air en fonction de son poids et de ses préférences. Passage des gaines et durite propre avec inserts démontables pour faciliter la manipulation (montage, démontage) et possibilité de monter une tige de selle télescopique, tout comme une transmission électrique.

Train roulant en rapport avec le niveau de gamme, jantes Stan’s NoTubes Rapid 25 (produit uniquement réservé à la première monte) dont la particularité est d’avoir des oeillets au niveau des perçages. La jante est emmanchée et non soudée au niveau de la jonction, son poids avoisine les 455g pièce. L’assemblage est effectué avec 32 rayons DT Competition 2/1.8 mm.

Pneumatiques Schwalbe Racing Ralph, pas les haut de gamme Evo mais la version économique Performance qui est tout de même de type Tubeless Easy, l’ensemble est donc monté sans chambres. Selon le terrain, il sera intéressant dans bien des cas d’opter pour une monte pneumatique plus polyvalente et/ou plus performante, l’avant notamment où l’on atteint rapidement les limites d’adhérence avec une telle machine.

A l’oeuvre

Si la première version du Scalpel 29 pouces 2012 – que l’on avait pu rouler à l’époque – se montrait assez ouverte dans la pratique avec un niveau de confort remarquable (d’autant plus avec 80 mm à l’arrière) qui l’orientait davantage vers les longues virées XC Marathon/randos sportives plutôt que les épreuves XC, le Scalpel 2017 se montre beaucoup plus racé. 20 mm de plus en débattement mais un comportement définitivement plus typé course qui oriente son utilisation vers des parcours dynamiques type circuits XCO modernes et XC Marathon difficiles. En premier lieu on ressent un peu plus de tenue dans l’amortissement, même si le 2012 frappait à ce niveau notamment du côté de la Lefty qui ne plongeait (enfin) plus au freinage et se montrait plus intéressante que par le passé dans son fonctionnement. Ici c’est encore mieux, davantage de sensibilité sur les premiers petits chocs et une facilité à entrer dans le débattement, puis de la fermeté en fin de course. Pas d’impression d’affaissement avec de plus un arrière qui travaille de concert pour conserver une bonne assiette. On a donc un vélo qui absorbe très bien les petites irrégularités et permet de rouler à allure vive en se concentrant sur le pédalage. Le Scalpel-Si se montre ainsi dynamique et rapide, si les suspensions travaillent, on ne ressent que peu la sensation de pompage à la relance (un peu plus sur l’avant mais l’arrière se montre assez vif).

Mais c’est lorsque le terrain devient réellement difficile que le Scalpel-Si s’affirme bien d’avantage, là où l’on peut réellement exploiter les suspensions et la géométrie associée. Le vélo est sécurisant, sur certains secteurs chaotiques on retrouve une petite sensation d’un vélo à plus gros débattement avec un avant qui emmène et tire son pilote dès lors que l’on lâche le freins. L’empattement avant long, n’y est pas étranger mais on arrive à piloter davantage sur l’avant si le besoin s’en ressent, le Scalpel-Si est prévu pour que son pilote puisse beaucoup bouger et exploiter pleinement la machine et le terrain. Attention tout de même, on est encore loin des vélos de Trail modernes très efficaces dans le négatif accidenté mais il est clair que le Scalpel-Si se montre très à l’aise pour un vélo de XC. On reste vigilant pour mettre un petit coup de guidon ou tirer sur l’avant lorsque l’on sent que ça commence à être limite, et là encore, la tâche est facilitée avec une excellente maniabilité/agilité de l’ensemble. Seul le poids du Scalpel-Si Carbon 4, plus de 12 kilos en taille L avec pédales, le pénalise dans ce domaine où il faudra y mettre un peu plus de volonté lorsqu’il s’agit de rouler un peu plus aérien.

Excellente rigidité latérale, très bien dans le technique lent ou rapide pour un pilotage précis mais aussi sur les singles ludiques et ultra-rapides où l’on peut négocier les virages en appui ou placer sa monture en jouant sur la dérive des pneus avec aisance. Ce n’est pas un vélo purement ludique mais il est incroyablement vif et précis, ce qui permet de bien s’amuser et surtout d’être efficace lorsque le terrain le demande.

En montée, on la vu précédemment, le Scalpel-Si ne pompe que très peu lorsque l’on se dresse sur les pédales et se montre réactif. Là aussi seul le poids freine les ardeurs même si l’on peut déjà bien envoyer et s’attaquer aux reliefs sans crainte. Les suspensions sont (quasi) blocables mais le verrouillage reste à utiliser sur les parties très lisses et roulantes ou sur la route. Les montées techniques passent bien, du grip, de la stabilité et de la maniabilité et surtout une grande facilité pour adopter la bonne position sur le vélo pour aller chercher l’adhérence nécessaire. Dans les forts pourcentages, l’avant ne lève pas et l’on peut clairement exploiter le « tout à gauche » 26 x 40 dents si la forme est au rendez-vous. Une transmission double se justifie pleinement sur ce type de machine apte à lutter contre les hostilités du terrain.

Le Cannondale Scalpel-Si nouvelle génération est une réelle réussite, les fans de la marque ne seront pas déçus avec une machine qui revendique à nouveau son statut de « bête de XC », ce que l’on avait trop perdu sur la première version 29 pouces. En ce qui concerne le Carbon 4, le prix et le poids sont un peu élevés. Ceci étant, c’est la tendance actuelle si l’on regarde la concurrence en général, on peut même trouver des machines de ce type en Shimano SLX à 4000€ ! Les compétiteurs pourront en premier lieu investir dans une bonne paire de roues et pneus pour faire évoluer leur machine, celles d’origine étant très bien pour l’entrainement.
Enfin, la finition « Acid Green » anthracite/vert métallisé de notre vélo de test est très soignée et du plus bel effet, on a également le choix avec un second coloris plus discret et classe. Le Scalpel-Si reste un VTT atypique qui ne laisse personne indifférent, il sait séduire les passionnés de très beau matériel et les amateurs de vitesse quel que soit le terrain, une machine clairement taillée pour foncer !

CANNONDALE SCALPEL-Si CARBON 4
Les + : conception, efficacité, look
Les – : prix, poids
Cadre : carbone BallisTec, 100 mm de débattement
Amortisseur : RochShox Monarch RL
Fourche : Lefty 2.0 XLR Remote 100 mm
Dérailleurs : Shimano Deore XT
Shifters : 
Shimano Deore XT
Cassette : Shimano Deore XT – 11/40 dents
Chaîne : Shimano HG601
Pédalier : Cannondale Si BB30 – 36/26 dents
Freins : Shimano Deore XT – disques 160 mm
Jantes : Stan’s No Tubes ZTR Rapid 25 – 32 trous
Moyeux Av/Ar : Lefty 60 / Formula DHT 142 x 12 mm
Pneus : Schwalbe Racing Ralph Performance TLE 29 x 2.10
Potence : Cannondale C1 alluminium 6061 – 5°
Cintre : Cannondale C2 aluminium 2014 Butted – 760 mm
Grips : Cannondale X1
Tige de selle : Cannondale C3 aluminium 6061 – 31.6×350 mm ou 400 mm (selon taille de cadre)
Selle : Prologo Zero II
2 coloris : Acid Green ou Silver
Poids : 11,95 Kg en taille L sans pédales

Prix public : 3999 €


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2 commentaires sur “Test du Cannondale Scalpel-Si Carbon 4”

  1. Merci pour cet essai bien détaillé, ce scalpel a l’air bien réussi!
    J’hésite beaucoup avec l’Orbea Oiz M30 (ou M50 avec options, encore plus intéressant en tarif) avec des roues artisanales, est-ce vous avez prévu un essai complet de ce vélo?

  2. Bonsoir! Merci pour ce superbe test… très bien détaillé ! Vous parlez qu’il serait judicieux d’opter pour des pneumatiques plus performants/polyvalents…
    Que conseillez vous?
    D’avance merci 😊

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