Pratique : rouler sous la pluie

Mouillez-vous !

La pluie peut perturber courses et entraînements quand on roule régulièrement. Mais un cycliste assidu et sérieux ne peut pas y couper de temps en temps. Voici quelques conseils pour éviter qu’une sortie sous la pluie se transforme en vraie galère.

À vélo sous la pluie, différents éléments sont à prendre en compte, comme la distance à parcourir, l’intensité de la pluie et surtout la température. Par temps sec, une température extérieure de 5 à 10° est tout à fait supportable, alors que ça devient vite un calvaire par temps humide. Les vêtements gorgés d’eau perdent de leur pouvoir isolant et la peau se trouve ainsi directement confrontée à cette température. Sous un orage d’été, à moins d’être dans une longue descente de col, il faut seulement se concentrer sur le pilotage.

Habillé en conséquence

Au niveau du torse, les frissons sont les premiers signes de refroidissement, voire d’hypothermie. Cela conduit à une forte dépense calorique, influant directement sur la performance car l’énergie se concentre au maintien de la température corporelle, autant que possible. Au niveau musculaire, l’eau sur les jambes durcit les cuisses et les mollets. Certains sont plus défavorisés dans ces conditions, en fonction de l’épaisseur de leur peau ou d’un affûtage trop prononcé. Les mains et les pieds sont aussi particulièrement exposés à l’humidité, ce qui gêne parfois fortement la prise en main du guidon et les sensations en pédalant. L’air et le vent s’engouffrent sous les vêtements trempés, ce qui renforce la sensation de froid.

Quelques conseils d’équipement pour limiter les désagréments de la pluie.

  • La bâche en plastique (ou imperméable transparent). C’est une très bonne protection contre la pluie et le vent. Mais il est difficile de respirer ainsi couvert, même si ces bâches sont ajourées sur les côtés. En cas de forte averse, elle peut vous éviter d’être trempé en quelques secondes, mais il faut la retirer dès que la pluie se calme. Un conseil pour la compétition : coupez les manches à la hauteur des coudes, comme cela la bâche reste facile à enfiler et à enlever tout en pédalant, pour la remettre dans une des poches arrière.
  • Les vêtements de type Gore-tex. C’est l’idéal en cas de conditions extrêmes, avec la pluie et le froid mêlés. Couvrez-vous légèrement en dessous, les échanges thermiques restant relatifs. Ces vêtements impliquent de prendre le départ ainsi équipé, et de ne plus pouvoir les retirer ensuite. Ce type de veste est par ailleurs très peu aérodynamique.
  • Les coupe-vent. Beaucoup moins imperméable qu’une veste de type Gore-Tex, parfois déperlant, le coupe-vent présente néanmoins l’avantage d’être facilement transportable et de protéger des refroidissements dus au vent tout en permettant de respirer convenablement. C’est le bon produit pour les orages d’été.
  • La veste style « Gabba ». Ce type de vêtement n’est pas étanche, mais composé d’une matière coupe-vent et très extensible. L’eau pénètre, mais la coupe très ajustée limite les infiltrations d’air froid entre la peau et le vêtement. Il est aussi très respirant, ce qui en fait un vêtement idéal lorsqu’on doit produire des efforts intenses sous l’humidité, sans être trop gêné.
  • Pour les extrémités. Difficile de rester étanche à l’eau au niveau des pieds et des mains. Néanmoins, gants et couvre-chaussures en néoprène isolent efficacement en emprisonnant l’eau de pluie et en la maintenant à la température du corps. Bref, vous êtes trempé, mais vous n’avez pas froid. Pour la tête, un bandana, un sous-casque ou une casquette en toile permettent de limiter les coups de froid au niveau des sinus et des oreilles.
  • Pour la protection des jambes. Directement exposées, vos jambes réclament une protection spécifique. Appliquez une pommade chauffante, afin d’activer la circulation au niveau superficiel de la peau, puis une couche d’huile camphrée ou graisse à traire (plus épaisse et plus adhérente). Ainsi, l’eau perle le long des jambes sans se maintenir sur les muscles. Une technique Idéale pour les compétitions. Pour l’entraînement, le mieux est d’opter pour un cuissard long classique, doublé de fibres épaisses, mais souples. La dernière précaution à prendre concerne le fessier, souvent mis à mal par de longues heures de frottement entre le cuissard et la selle mouillée. Vous pouvez vous protéger en appliquant avant la sortie une pommade anti-frottements ou anti-irritations, vendue en pharmacie.
  • Pour les porteurs de lunettes. Pas de solutions miracles malheureusement, si ce n’est le port de lentilles de contact, quand on les supporte.
  • En compétition. Privilégiez plusieurs couches légères, facilement escamotables et qui peuvent se ranger dans la poche arrière du maillot de base. Ceci pour faire face à l’évolution des conditions au cours de l’épreuve.

L’équipement du vélo

Pour limiter les projections d’eau à l’entraînement, vous pouvez équiper votre vélo de gardes-boues légers, à l’avant comme à l’arrière. Une petite lumière étanche, placée en priorité à l’arrière, vous permet de rester visible, même en cas de forte averse. Pour la transmission, utilisez un lubrifiant de très bonne qualité (sur la chaîne, les galets, les articulations des dérailleurs), afin d’éviter les couinements et de permettre un bon fonctionnement de l’ensemble. Vérifiez toujours vos patins de frein avant une sortie, surtout avec des jantes en aluminium, le freinage dans ces conditions ayant un effet abrasif prononcé. Les pneumatiques méritent également une attention particulière. Il existe des pneus pluie qui offrent une meilleure accroche sans nécessiter de sous-gonfler. Ils sont généralement très performants lorsque la température du sol est inférieure à 10°. Pensez aussi aux chambres en latex, certes plus onéreuses que des chambres en butyl, mais plus résistantes aux crevaisons et qui autorisent une meilleure déformation des flancs des pneus, donc une meilleure adhérence. Pour les bidons et leur contenu, pensez à la dépense énergétique supérieure avec le froid. L’eau pure n’est pas suffisante. Le minimum est d’opter pour une boisson riche en sucres rapides. Pensez également aux projections de saletés ramassées sur le bord des routes et déposées sur l’embout du bidon. Transportez votre bidon dans une poche arrière, utilisez un sac à eau type Camelback, ou choisissez un bidon dont l’embout est recouvert par une protection ouvrable. Enfin, après une sortie ou une course sous la flotte, prenez le temps de nettoyer correctement votre vélo : dégraissage de la chaîne, lavage avec de l’eau savonneuse, séchage au chiffon, lubrification de la transmission, vérification des patins de frein et des pneumatiques, pour que vous puissiez repartir sur la sortie suivante dans les meilleures conditions.

Le pilotage sous la pluie

Confiance et maîtrise de soi sont les maîtres mots avant d’aborder une courbe sur sol mouillé. Pour cela la position et l’équilibre sur le vélo sont primordiaux. La répartition des masses sur les deux roues assure un minimum d’adhérence sur les deux pneus à la fois. La qualité et la puissance du freinage importent moins que l’adhérence des pneus au sol. S’il est difficile de rattraper une glissade de la roue avant, il est possible de contrôler celle de la roue arrière simplement en continuant à pédaler, de façon à conserver de la motricité.

  • À la manière des vététistes ou des cyclo-crossmen, pédaler en freinant légèrement n’est pas contradictoire. Freiner, c’est effleurer les poignées, et non pas piler et bloquer les deux roues.
  • Pour limiter les glissades de la roue avant, il faut disposer d’un cadre bien coupé (ou d’une taille bien choisie). La longueur de la potence et sa hauteur par rapport à la douille influent sur l’équilibre des masses, et donc l’appui sur le sol. Une crispation excessive au moment d’entrer dans le virage, un coup de guidon trop vif et un freinage en panique participent également à la perte d’adhérence.
  • Avec des jantes en aluminium, le freinage reste assez mordant sous la pluie, mais il faut tenir compte d’un délai légèrement supérieur entre l’action sur la poignée et le ralentissement, le temps que l’eau s’évacue de la jante. Avec des jantes en carbone, ce délai peut être encore supérieur, mais il peut être ensuite très puissant. Vous pouvez donc effleurer les jantes avec les patins, pour anticiper un freinage et limiter ce temps de réaction.
  • Avec des freins à disque, le freinage est plus instantané qu’avec des patins, quelle que soient les conditions. Mais attention aux coups de freins trop brusques, qui peuvent bloquer la roue et faire glisser le pneu. Sur le mouillé, on pilote sur des oeufs, quel que soit le freinage dont on dispose.
  • Un cadre et des roues trop rigides modifient la durée du contact des roues sur le sol, surtout dans les courbes rapides si le revêtement n’est pas en parfait état. L’aquaplaning n’existe pas en vélo, d’une part parce que les vitesses ne sont pas assez élevées, d’autre part parce que les pneus sont trop fins pour que puisse se créer ce phénomène. Rouler dans une flaque est donc moins risqué que sur une route à moitié humide, en se méfiant toutefois de ce qui peut se trouver sous la flaque. En règle générale, ce sont surtout les modifications de revêtement qui peuvent conduire à des glissades intempestives.

La souplesse, l’assurance, la connaissance de sa machine et de ses réactions sont les éléments indispensables pour aborder les courbes sur route humide. Conserver la maîtrise de sa vitesse reste la meilleure façon pour rouler par tous les temps.

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Un commentaire sur “Pratique : rouler sous la pluie”

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