Championnat du Monde XC Marathon 2016 – Roc Laissagais

Pour son 25^ème anniversaire, le Roc Laissagais s’est offert un beau cadeau avec l’organisation des Championnats du monde de XC Marathon, ni plus ni moins ! L’espace d’un week-end, le petit village de Laissac (1600 habitants) s’est mué en capitale mondiale du VTT Marathon, récit d’un magnifique week-end en terre aveyronnaise.

Texte : Vincent Lombardi – Photos : Stéphan Da Silva

Après avoir décroché un top 20 lors de l’UCI Marathon Series de Cluj-Napoca en Roumanie, j’ai gagné le droit de prendre part à ce championnat sous les couleurs de l’équipe de France, un honneur, mais pas mal de pression également ! Sur la ligne, c’est un peloton fourni de 156 coureurs, mélangeant spécialistes du VTT marathon et pilotes de XCO, qui se présente aux abords du marché aux bestiaux de Laissac. Surprise, c’est le classement UCI marathon qui fait foi pour la mise en grille, c’est ainsi que l’on retrouve des spécialistes du XCO tel que Jaroslav Kulhavy, champion olympique en titre, dans les toutes dernières lignes !

Le public est présent en nombre et donne de la voix, « Allez la France ! », « Allez les bleus ! »

Au coup de feu, les coureurs s’élancent et après 50 m, c’est l’accrochage, une dizaine de coureurs sont au tapis, Sébastien Carabin, le coureur belge y laissera sa patte de dérailleur. Début de course tendu donc, à la hauteur de l’enjeu. Sur la piste large longeant la voie ferrée, ça roule vite forcément et ça calme tout le monde, tant mieux… Seuls les gros moteurs du XCO arrivent à remonter, Kulhavy, Grotts, Tempier se frayent un chemin dans la poussière pour tenter de remonter sur la tête de course. Un premier virage à gauche et l’on met le cap vers la fôret des Palanges. Le parcours, sans côte très longue, est très rythmé, beaucoup comparent ce circuit à un XCO de 90 Km ! Le placement à son importance en ce début de course, et si les conditions météo du jour son idéales (soleil et 15 à 20°C), les pluies des jours précédents ont rendu le sol glissant voire franchement liquide par endroit.

Dans la deuxième montée raide et ravinée, on sent qu’on est parti vite, je fais beaucoup de petites erreurs et je ne suis pas le seul, nous sommes parfois obligés de passer à pied du coup. Un premier passage par le village de Trebosc, je roule dans un petit groupe avec plusieurs français, le public est présent en nombre et donne de la voix, « Allez la France ! », « Allez les bleus ! », privilège d’un championnat du monde à domicile, on en profite ! De retour dans les Palanges, on alterne pistes forestières et de longs singletracks tout en flow, certains sont typés Bike Park avec virages relevés, sauts, cassures, c’est très fun à rouler, bravo aux traceurs ! J’arrive à la bifurcation entre les circuits homme et femme (20 km plus court) et récupère un premier bidon. Alors que l’on est vraiment perdu au milieu des bois, il y a à nouveau beaucoup de spectateurs à cet endroit, beau succès populaire pour cette épreuve alors que le VTT Marathon n’est pas toujours facile à suivre pour les supporters présents sur le parcours.

Beaucoup de coureurs ont sous-estimé la rudesse des sentiers aveyronnais…

A la mi-course, les jambes sont encore là, mais j’ai l’impression de ne pas avoir débranché depuis le départ alors que je me situe autour de la 80^ème place, pas loin de mon objectif, qui est de terminer dans la première moitié du classement, c’est-à-dire autour de la 75^ème position. Beaucoup de coureurs ont sous-estimé la rudesse des sentiers aveyronnais et sont stoppés par des crevaisons. A ce moment, je tente mon va-tout et essaye de rejoindre un gros groupe qui roule une trentaine de secondes devant, en vain. Cependant j’ai fait le trou sur les coureurs qui m’accompagnaient et continue ma route seul à un rythme constant, les kilomètres défilent mais à 25 Km de l’arrivée, sur une piste hyper roulante sans difficulté, mon pneu avant se dégonfle irrémédiablement. Je répare proprement après avoir retiré un morceau de verre planté dans mon pneu, imparable ! Malheureusement, je n’arriverais jamais à me relancer, le cœur ne veut plus monter dans les tours, et je dois terminer bien involontairement en mode randonnée en me faisant doubler sans pouvoir réagir, frustrant !

A 15 km de l’arrivée, se dresse le juge de paix de cette course, une côte de 2,6 Km a plus de 10,5% de moyenne, que je gravirai tant bien que mal tout à gauche en doublant tout de même l’ancien champion du monde grec Periklis Ilias, complètement planté ! Au dessus de Severac l’Eglise, je bascule dans la dernière descente qui est entrecoupée de quatre courtes remontées qui finiront de m’achever, je passerai la ligne à une anecdotique 102^ème place, déçu. Avec un peu de recul, il faut avouer que courir un championnat du monde à domicile avec le maillot de l’équipe nationale sur les épaules restera une expérience inoubliable !

Jolanda Neff et Tiago Ferreira sacrés

Chez les pros (les vrais ;-)), les courses ont respectivement consacré la terreur du XCO Jolanda Neff et le portugais marathonien Tiago Ferreira qui remportent leurs premiers titres en XC marathon. Le podium est complété chez les femmes par la spécialiste Sally Bigham et, cocorico, la française Sabrina Enaux qui décroche une magnifique médaille de bronze (une première dans l’histoire du XC Marathon français féminin). La favorite Annika Langvad se perd avant de crever.

Chez les hommes, le champion sortant, Alban Lakata hors du coup à mi-course réalise une fin de parcours en boulet de canon et échoue à seulement 19 secondes du portugais ! Kristian Hynek, très régulier tout au long de ce championnat du monde termine 3^ème. Très en vue en début de course, le surpuissant Jaroslav Kulhavy abandonne sur crevaison. Nul doute qu’on le retrouvera aux avant-postes la semaine prochaine aux championnats du monde de XCO à Nove Mesto chez lui en République Tchèque.

L’équipe du Vélo Club Laissac, sous l’impulsion du fédérateur Pierre Boyer, peut être fière du travail accompli. Voilà une organisation conviviale et efficace qui n’a jamais été dépassée par l’ampleur de l’événement. De mon côté, il est temps de faire un petit break après une première partie de saison mitigée où j’aurais eu bien du mal à terminer mes courses, à bientôt pour de nouvelles aventures en terre canadienne cette fois-ci !

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